Une équipe internationale de paléontologues dirigée par le Britannique Nicholas Longrich, de l’université de Bath, a identifié une nouvelle espèce de dinosaure à bec de canard dans le bassin phosphaté d’Ouled Abdoun, près de Khouribga, au Maroc. Baptisée Taleta taleta, cette espèce vieille de 66 millions d’années constitue le troisième dinosaure lambeosauriné décrit dans la région en moins de quatre ans, après Ajnabia odysseus et Minqaria bata.
La région de Khouribga, réputée pour ses gisements fossilifères exceptionnels, livre à nouveau une découverte majeure du Crétacé supérieur. Publiée dans la revue scientifique Gondwana Research, l’étude repose sur deux fragments de mâchoire exhumés dans les sédiments phosphatés du bassin. L’analyse a mis en évidence des caractéristiques anatomiques uniques, telles qu’une crête ectoptérygoïde en position dorsale, une disposition rectiligne des dents, et de larges couronnes dentaires orientées en biais.
« Taleta taleta présente une morphologie suffisamment distincte pour constituer un nouveau genre », explique Nicholas Longrich, qui souligne la richesse taxonomique remarquable du Maroc en matière de dinosaures à bec de canard.
Cette découverte apporte un nouvel éclairage sur la dispersion géographique des hadrosauridés lambeosaurinés, un sous-groupe de dinosaures herbivores connus pour leurs crêtes creuses. L’équipe scientifique suggère que ces espèces auraient migré d’Europe vers l’Afrique du Nord, profitant d’épisodes de connexions terrestres entre les deux continents durant la fin du Crétacé.
La coexistence de trois espèces différentes dans une même région pourrait témoigner d’un phénomène de radiation adaptative : une évolution rapide ayant permis à ces dinosaures d’occuper différentes niches écologiques dans un environnement en pleine mutation.
Le bassin d’Ouled Abdoun, où a été retrouvée Taleta taleta, est constitué de formations phosphatées riches en fossiles, déposées dans un milieu marin peu profond. Il y a 66 millions d’années, cette région était partiellement recouverte par l’Atlantique en expansion, créant des conditions idéales pour la fossilisation d’organismes marins et terrestres.