Bureaux d’étude. L’État reprend la main dans les collectivités

Le ministère de l’Intérieur, via l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), s’apprête à déployer des missions de contrôle dans les régions de Casablanca-Settat et Marrakech-Safi, ciblant spécifiquement la gestion des marchés publics attribués aux bureaux d’études. Cette opération intervient dans un contexte de tensions croissantes entre certaines collectivités territoriales et leur tutelle.

Selon des sources proches du dossier, la DGCT (Direction générale des collectivités territoriales) a récemment refusé d’approuver plusieurs marchés, appuyée par des rapports internes dénonçant des dysfonctionnements structurels : redondance d’études techniques, critères d’attribution opaques, estimation budgétaire douteuse, cahiers des charges incomplets et parfois, rédaction des appels d’offres confiée aux bureaux d’études eux-mêmes.

Ces pratiques soulèvent des soupçons de conflits d’intérêts entre prestataires et élus locaux, certains bureaux étant accusés d’avoir tissé des relations privilégiées et durables avec les exécutifs communaux.

Cette gestion défaillante a mené à la paralysie de plusieurs projets territoriaux, à l’accumulation de contentieux, et à un gaspillage manifeste des fonds publics. Dans certains cas, les études commandées n’intègrent pas les besoins réels des collectivités, rendant leur exécution inopérante ou incohérente.

Le ministère pointe aussi la marginalisation des communes concernées dans les phases de mise en œuvre, ce qui compromet la cohérence et la synergie des politiques territoriales.

Le chef du gouvernement avait anticipé ces dérives dans une circulaire adressée à l’ensemble de l’Exécutif, appelant à la rationalisation des dépenses liées aux études, la valorisation des compétences internes et l’exigence d’un visa préalable pour tout appel d’offres d’études.

Mais la montée en puissance de certains bureaux d’études, devenus quasi incontournables malgré des doutes sur leurs qualifications, a alimenté une forme de dépendance administrative et fragilisé la capacité des services communaux à piloter les projets.

Avec ces missions d’inspection, l’Intérieur entend assainir la gestion de la commande publique, restaurer la transparence dans l’attribution des études techniques et mettre fin aux logiques de rente dans certains territoires.

Ce chantier s’annonce sensible, mais stratégique, dans le cadre de la modernisation de la gouvernance locale et de la relance des politiques d’aménagement du territoire.

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