Sardine. L’industrie marocaine de la conserve sous pression

Le secteur marocain de la conserve de sardines, fleuron de l’économie bleue nationale, traverse une crise d’une ampleur inédite. En l’espace de deux ans, les débarquements ont chuté de 46 %, provoquant l’arrêt de nombreuses unités de production et menaçant des dizaines de milliers d’emplois. L’Union Nationale des Industries de la Conserve de Poisson (Unicop) alerte sur une situation « critique » qui fragilise tout un pan de l’industrie agroalimentaire.

Selon les données de l’Office National des Pêches, les débarquements de sardines sont passés de 965 000 tonnes en 2022 à 525 000 tonnes en 2024. Cette baisse dramatique a entraîné la mise à l’arrêt de près de la moitié des lignes de production. L’impact social est majeur. Pas moins de 35 000 emplois directs et 120 000 indirects sont désormais en péril.

Premier exportateur mondial de conserves de sardines, le Maroc voit sa position s’éroder sur les marchés africains, avec une baisse de 30 % des ventes en un an. Face à la hausse des coûts, à la rareté de la ressource et à la concurrence croissante de l’Asie, les marges des industriels s’effondrent.

Dans ce contexte, l’Unicop appelle à un plan de sauvetage immédiat, basé sur trois leviers. Premièrement, la préservation de la ressource, impliquant une interdiction de la pêche des juvéniles, contrôle renforcé contre la pêche illicite, et meilleure application des périodes de repos biologique.

Deuxièmement, la priorisation des usages. Il faut en effet réserver la sardine en premier lieu au marché frais, puis à la conserve, en limitant les exportations de poisson entier ou congelé, et en stopper son utilisation pour la farine ou l’alimentation animale. Enfin, le troisième levier est relatif au gel des investissements : suspendre toute création de nouvelles unités de transformation tant que les stocks ne sont pas reconstitués.

La conserve de sardines représente un levier clé de l’emploi industriel au Maroc, avec un tissu d’entreprises concentré dans les zones côtières. Dans un pays qui fait de l’économie bleue une priorité stratégique, les acteurs du secteur réclament un engagement fort des autorités pour éviter un effondrement durable de cette filière historique.

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