Alors que les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie restent au plus bas depuis près de dix mois, une réunion de crise s’est tenue ce mercredi à l’Élysée, a confirmé une source gouvernementale française jeudi.
Présidée par Emmanuel Macron, la réunion a rassemblé plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre François Bayrou, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, et celui de la Justice Gérald Darmanin. Objectif : faire le point sur une crise qui continue de paralyser les relations bilatérales.
Depuis l’été 2024, la diplomatie franco-algérienne est enlisée dans une spirale de tensions, marquée par l’expulsion de diplomates, le rappel mutuel des ambassadeurs et des restrictions sur les visas diplomatiques. Ce climat s’est aggravé après le soutien exprimé par Emmanuel Macron au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, le 30 juillet 2024, une position vivement rejetée par Alger.
Malgré un échange téléphonique en avril qui avait brièvement ravivé l’espoir d’un rapprochement, tous les canaux de dialogue sont aujourd’hui gelés. La coopération migratoire, l’un des rares leviers encore actifs, est elle aussi à l’arrêt : les autorités algériennes refusent de réadmettre de nombreux ressortissants expulsés par la France, mettant les centres de rétention sous tension.
Autre sujet sensible : le cas de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 80 ans, condamné à cinq ans de prison pour des propos tenus en octobre 2024 sur une chaîne française d’extrême droite. L’auteur avait notamment affirmé que l’Algérie actuelle comprenait des territoires historiquement marocains, une déclaration perçue comme une provocation à Alger. Malgré plusieurs demandes de libération ou de grâce, y compris par Emmanuel Macron, Alger reste inflexible.
En toile de fond, la crise actuelle révèle une fragilité profonde dans les relations entre Paris et Alger, à la croisée des enjeux diplomatiques, historiques et géopolitiques. Et pour l’heure, aucune issue concrète ne semble se dessiner.