Cannabis médical : les Pays-Bas ouvrent une porte au Maroc

Les Pays-Bas envisagent d’ouvrir leurs frontières au cannabis médical marocain, une perspective qui pourrait accélérer l’essor de l’industrie légale émergente du Royaume. L’information, révélée fin avril par le média spécialisé espagnol Cáñamo, intervient alors qu’Amsterdam fait face à un déficit d’approvisionnement légal dans ses célèbres coffee shops.

Jusqu’au 10 juin prochain, ces établissements sont exceptionnellement autorisés à vendre du haschich importé, en raison des retards liés à la mise en place du programme néerlandais de culture contrôlée. Ce dispositif, baptisé « Controlled Cannabis Supply Chain Experiment », vise à encadrer strictement l’approvisionnement de dix municipalités via dix producteurs agréés, dans l’objectif de substituer les circuits illicites par des chaînes entièrement traçables.

Depuis le 7 avril 2025, l’expérimentation est entrée dans sa phase opérationnelle, qui s’étendra sur quatre ans. Mais la production locale légale étant encore insuffisante, les autorités néerlandaises explorent des pistes d’importation pour combler la demande. C’est dans ce contexte que le cannabis thérapeutique marocain pourrait s’insérer.

Le timing joue en faveur du Maroc : le 10 avril dernier, l’entreprise CANNAFLEX a lancé ses premières exportations de cannabis à usage médical vers des laboratoires européens et africains. D’après l’Agence nationale de réglementation des activités liées au cannabis (ANRAC), la production légale du pays a atteint 4.082 tonnes en 2024, soit plus de dix fois celle de l’année précédente.

Fort d’un savoir-faire agricole ancestral, d’un climat favorable et de coûts compétitifs, le Maroc ambitionne de devenir un acteur clé du cannabis thérapeutique. Mais au-delà de l’exportation brute, plusieurs voix appellent à structurer une filière souveraine intégrée. « Si le Maroc veut éviter le piège des matières premières, il lui faut investir dans la transformation industrielle, renforcer la recherche appliquée et garantir une juste répartition de la valeur ajoutée », souligne un expert du secteur.

Le potentiel économique est considérable. Selon la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), le Royaume pourrait engranger entre 4,2 et 6,3 milliards de dirhams de revenus annuels d’ici 2028, s’il parvient à capter 10 à 15 % du marché européen du cannabis médical.

Le marché néerlandais lui-même, estimé à 162 millions de dollars en 2024, devrait croître de plus de 15 % par an jusqu’en 2028, selon le cabinet Prohibition Partners. La légalisation progressive ouvre donc de nouvelles perspectives pour les fournisseurs externes, notamment marocains.

Un enjeu stratégique, d’autant plus que le cannabis marocain représenterait déjà, selon la Plataforma Cannabisondernemingen Nederland (PCN), jusqu’à 25 % des produits vendus dans les coffee shops via des circuits non officiels. Son intégration dans la chaîne légale pourrait ainsi représenter un tournant historique.

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