Face à un déséquilibre commercial jugé problématique, Rabat et Ankara amorcent une nouvelle étape dans leur accord de libre-échange. Une feuille de route commune a été adoptée pour promouvoir la production conjointe, l’investissement et une meilleure intégration industrielle.
Le Maroc et la Turquie ont convenu, lors de la 6e session de la commission conjointe de suivi de l’accord de libre-échange (ALE) tenue le 23 juin à Ankara, de repenser leur relation économique sur des bases plus équilibrées. Ce virage intervient alors que le déficit commercial bilatéral s’est creusé pour atteindre près de 3 milliards de dollars, principalement en raison des importations turques de textiles.
En dépit des droits de douane appliqués depuis 2020, les flux restent largement déséquilibrés. Le Maroc souhaite désormais conditionner le maintien des avantages douaniers à des engagements turcs en matière d’investissement productif.
Rabat défend une logique économique articulée autour de trois axes, à savoir impliquer davantage les entreprises turques dans l’économie locale à travers des investissements concrets ; favoriser la production conjointe destinée à l’export et intégrer les chaînes de valeur maroco-turques sur les marchés tiers, notamment dans le textile.
Le communiqué conjoint publié à l’issue des travaux souligne la volonté des deux pays d’augmenter le volume des échanges, estimé à près de 5 milliards de dollars, tout en préservant une forme de réciprocité sectorielle, notamment dans l’agroalimentaire.
Parmi les décisions actées figurent notamment la mise en place d’une ligne directe de communication entre les ministères du Commerce des deux pays ; l’organisation d’un forum d’affaires turco-marocain dans les 12 mois à venir ; le lancement de missions commerciales conjointes structurées par filière et le renforcement de la coopération dans le textile, à travers des projets de production intégrée à vocation export.
Le comité technique bilatéral, également réuni à Ankara, aura la charge de suivre l’exécution de ces engagements et d’évaluer leur impact sur les opérateurs économiques.
Cette dynamique marque une évolution dans la doctrine marocaine. Rabat ne conçoit plus l’accord de libre-échange uniquement comme un levier tarifaire, mais comme un instrument stratégique de développement industriel. Le Royaume attend désormais un retour économique équilibré à ses engagements, avec une participation active de la Turquie à ses grands projets.