Rien ne va plus en Algérie, pays pourtant doté de richesses naturelles importantes (gaz et pétrole notamment) mais dont le système semble, plus que jamais, à bout de souffle.
Longtemps pillé par sa classe politique, le pays est bloqué politiquement, asphyxié sur le plan économique et observe depuis un certain temps une grogne sociale sans cesse grandissante.
En cause une inflation galopante, un appauvrissement ahurissant de la population, une classe moyenne laminée et un quotidien de plus en plus difficile ponctué de pénuries de produits de première nécessité et même des médicaments les plus essentiels et éprouvés par une inflation galopante qui a fini par éroder gravement le pouvoir d’achat des algériens.
Radioscopie d’une descente aux abysses d’un pays, théoriquement bien loti par la nature, mais qui paie aujourd’hui le prix fort des incohérences de son système et d’une gestion calamiteuse de ses affaires conduisant de plus en plus sa population à un questionnement lancinant voire même au désespoir.
Pourquoi l’Algérie est-elle arrivée à cette situation ? La réponse ne souffre d’aucun doute. Le pays, qui vit presque entièrement de sa dotation naturelle, n’a pas pu ou su identifier les ressorts nécessaires pour desserrer les contraintes qui pourraient surgir et faire les anticipations nécessaires pouvant lui permettre de prémunir sa population contre toutes sortes d’aléas .
La situation ne date pas d’aujourd’hui, loin s’en faut. Depuis le choc pétrolier de 2014, l’Algérie ne cesse de s’appauvrir et de perdre des richesses nationales. Le diagnostic fait par des experts économiques est on n’en peut plus clair : L’Algérie se trouve carrément dans une situation de stagflation, dont le corollaire est une augmentation galopante des prix des produits de consommation de base et un taux de chômage très élevé.
Et pour boucler la boucle, le dinar algérien poursuit son effondrement entraînant dans son sillage une inflation sans précédent.
Jamais une pareille hausse n’a été constatée en Algérie, affirment les experts en économie, surtout qu’elle a touché tous les produits, sans exception.
La poussée inflationniste sans précédent que connaît l’Algérie est en train d’impacter sévèrement le pouvoir d’achat des citoyens.
Le professeur des universités Abderrahmane Mebtoul détermine les raisons qui sont à l’origine de cette spirale infernale.
Pour lui, elle provient de la concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière ce qui est en train de conduire à la disparition graduelle d’une partie de la classe moyenne qui rejoint la classe pauvre.
D’ailleurs, il avance que le taux d’inflation cumulé entre 2000 et 2021 approche 100%, provoquant une détérioration du pouvoir d’achat d’environ de 150 % au cours de cette période.
Qui dit inflation, dit cherté de la vie. Cette dernière est devenue la première source des soucis quotidiens de la population algérienne depuis maintenant au moins deux ans.
En effet, l’inflation augmente dangereusement et la vie devient de plus en plus chère en Algérie à cause notamment de l’impact catastrophique, de la chute de la valeur du Dinar algérien.
L’étude réalisée par la Banque mondiale en juin 2021 le confirme et le constat établi est sans équivoque.
L’inflation affecte les ménages économiquement vulnérables, les mettant en situation d’insécurité.
Le double effet perte de revenu et flambée des prix est de nature à augmenter le nombre de ménages en situation de précarité alimentaire qui menace ainsi des millions de foyers algériens.
Une étude récente réalisée par l’association de protection du consommateur (Apoce) sur l’évolution des prix moyens en 2010 et 2021, conclut que la moyenne des prix des produits de consommation de base est passée, sur la période, du simple au double. Cette tendance s’explique essentiellement par l’importance des importations dont l’Algérie est fortement dépendante, tant en matières premières agricoles qu’en intrants.
Sur le terrain, les Algériens vivent des fins de mois de plus en plus difficiles, marquées par la cherté de la vie qui a entraîné dans son sillage une érosion de presque 60% du pouvoir d’achat.
Manifestement, ce sont les faibles revenus parmi les salariés, les retraités et les couches pauvres qui pâtissent le plus de l’augmentation des prix, voire de l’inflation.
Cela est d’autant plus vrai que la chute, chaque année, de près de 10% du pouvoir d’achat accroît l’endettement des ménages et accélère les revendications sociales pour une augmentation des salaires qui, à leur tour, accélèrent l’inflation.
Plus inquiétant, la hausse continue des prix des produits de consommation couplée au chômage mettent à rude épreuve les portefeuilles des ménages.
En dix ans, la valeur du salaire moyen en Algérie a été divisée par deux, alors que les prix n’ont pas cessé de grimper. Aujourd’hui, les couches sociales défavorisées sont à bout de souffle et citoyens et syndicats tirent la sonnette d’alarme.
Un collectif de syndicats représentant divers secteurs, a qualifié la situation de « catastrophique » faisant savoir que d’habitude ce sont les produits de luxe qui sont touchés par les hausses de prix, mais cette fois-ci, ce sont les produits qui sont consommés par le pauvre qui sont concernés.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, en plus de la cherté de la vie, les Algériens sont confrontés de plus en plus à des pénuries qui frappent tous les produits, de l’eau, aux produits de base et pour en finir aux médicaments, si essentiels, en période de COVID-19. Eau potable, oxygène, farine, médicaments, véhicules, pièces de rechange… Le quotidien des Algériens est rythmé par des pénuries continues, constatent résignés mais amers la plupart des Algériens.
Ceux qui espèrent la fin des pénuries dans un proche avenir risquent de déchanter. Le gouvernement, qui fait face à des difficultés financières de plus en plus graves, a compliqué la donne en introduisant des restrictions aux importations, qui risque à son tour d’alimenter l’inflation et de revigorer le marché informel.
La politique de restriction des importations a déjà fait disparaître les voitures neuves sur le marché algérien et rendu l’occasion hors de prix. Les pièces détachées automobiles manquent cruellement sur le marché, ont alerté des concessionnaires.
Les pénuries risquent de s’aggraver et toucher d’autres produits et les prix pourraient flamber avec la décision prise le 30 août de suspendre les importations des produits destinés à la revente en l’état à partir du 31 octobre prochain.
Pour compléter ce décor, les pénuries touchent actuellement les médicaments. La problématique de la pénurie du médicament devenue cyclique, suscite l’inquiétude et l’ire des citoyens.
Les alertes sur la disparition de médicaments des officines se font trop régulières et concernent des médicaments vitaux absents du marché et même dans les hôpitaux. Dans tous les cas de figure certains experts sont unanimes attribuant les pénuries à répétition à de facteurs naturels, comme pour l’eau, mais surtout à l’incurie et du manque d’anticipation des responsables.