Le Maroc s’apprête à franchir une nouvelle étape dans l’intégration du cannabis légal à son économie nationale. Après avoir autorisé la vente de certains produits à base de CBD (cannabidiol) dans les pharmacies en 2023, le pays prévoit de lancer, d’ici la fin de l’année 2025, la commercialisation de quinze médicaments issus de cette plante.
Jusqu’ici, les dérivés du cannabis au Maroc se limitaient aux compléments alimentaires et aux produits cosmétiques, sans véritable présence dans le circuit pharmaceutique. Les patients ne pouvaient accéder aux traitements que de manière très marginale. L’introduction de médicaments représente donc un tournant majeur pour le secteur de la santé, ouvrant la voie à une industrie pharmaceutique innovante fondée sur la recherche et le développement.
Selon l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé, 67 produits dérivés du cannabis ont déjà été enregistrés, dont 26 cosmétiques et 41 compléments alimentaires. L’enregistrement auprès de la Direction des médicaments et de la pharmacie reste une étape obligatoire avant toute mise sur le marché local ou à l’export, garantissant la qualité et la sécurité des produits.
Parallèlement, l’Agence nationale de régulation des activités liées au cannabis multiplie les contrôles. Fin 2024, plus de 2200 opérations d’inspection avaient été menées, couvrant la culture, l’importation de semences, la transformation, la commercialisation, l’exportation et le transport, ce dernier représentant la part la plus importante.
Le secteur agricole connaît également une forte dynamique. En 2024, les surfaces cultivées ont atteint 4400 hectares, contre 1 400 un an plus tôt, réparties entre Taounate, Chefchaouen et Al Hoceima. Quelque 4 490 agriculteurs, regroupés au sein de 250 coopératives, participent désormais à ce programme légal. Par ailleurs, 1 340 hectares ont été consacrés à des semences importées, encadrées par l’Office national de sécurité sanitaire, au profit de 1650 agriculteurs organisés en 50 coopératives.
Cette évolution traduit la volonté du Maroc de transformer le cannabis, longtemps associé à l’économie informelle, en levier de développement structuré. Outre la création de revenus légaux pour les cultivateurs, le Royaume ambitionne de se positionner comme un acteur compétitif sur le marché international du cannabis médical, en pleine expansion. Dans un cadre strict de réglementation et de contrôle, il s’agit aussi d’offrir de nouveaux traitements aux patients souffrant de maladies chroniques et de douleurs résistantes.