L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a été condamné jeudi à 27 ans et trois mois de prison par la Cour suprême, qui l’a jugé responsable d’une tentative de coup d’État et des violences post-électorales de janvier 2023. Ce verdict historique, prononcé à quatre voix contre une, plonge le pays dans une profonde division politique et diplomatique.
Reconnu coupable d’avoir dirigé une « organisation criminelle » visant à se maintenir au pouvoir après sa défaite face à Luiz Inacio Lula da Silva fin 2022, Bolsonaro, 70 ans, a été déclaré inéligible jusqu’en 2030 et assigné à résidence. Selon l’accusation, le complot prévoyait même l’assassinat de Lula, mais a échoué faute de soutien de l’armée. Les émeutes du 8 janvier 2023, lorsque des milliers de ses partisans avaient envahi les institutions de Brasilia, ont été décrites comme le dernier espoir de ce projet avorté.
Le procès a aussi provoqué une crise diplomatique majeure avec les États-Unis. Donald Trump, allié de Bolsonaro, a dénoncé une « chasse aux sorcières » et annoncé une surtaxe punitive de 50% sur une partie des exportations brésiliennes. Le secrétaire d’État Marco Rubio a menacé de représailles, tandis que Brasilia a affirmé ne pas céder à « l’intimidation ».
L’ancien chef d’État, absent de l’audience pour raisons de santé, garde selon son fils Flavio Bolsonaro « la tête haute face à cette persécution ». Sa défense dispose de cinq jours pour faire appel. Son camp promet de mobiliser toutes ses forces pour obtenir une amnistie.
Cette condamnation constitue un séisme politique, à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2026. Bolsonaro devient ainsi le quatrième ancien président condamné depuis le retour de la démocratie en 1985, mais le premier à l’être pour tentative de coup d’État. Sept de ses anciens proches, dont des ex-ministres et des généraux, ont également écopé de peines allant de deux à 26 ans de prison.