Le titre TGCC enchaîne les records à la Bourse de Casablanca. En progression de plus de 100 % depuis janvier, il s’approche désormais du seuil symbolique des 1.000 DH, porté par une confiance unanime des analystes dans sa stratégie de croissance externe et son positionnement de leader du BTP.
Mais si la trajectoire jusqu’à 2030 semble bien balisée, l’horizon post-Coupe du monde reste le vrai test de solidité pour ce nouveau poids lourd du marché. Depuis le début de l’année, l’action TGCC a doublé de valeur, passant de 476 à 976 DH. Dans ce contexte euphorique, le groupe a lancé une augmentation de capital de 2,2 milliards de dirhams, principalement destinée à financer l’acquisition de 60 % de STAM, elle-même détentrice de 80 % de VIAS SA, spécialiste des grands aménagements.
Pour les analystes de BKGR, AGR et CFG Bank, cette opération change la donne. Elle permettrait à TGCC de doubler son carnet de commandes (de 10,2 à 19,3 MMDH), de diversifier ses activités, et de s’affirmer comme un acteur régional de référence dans les infrastructures.
Les trois brokers recommandent de souscrire à l’opération, considérant le prix de souscription à 725 DH comme attractif. Pour BKGR, le cours cible est à 950 DH (scénario central), avec des projections modulées selon l’intégration des synergies STAM. CFG Bank pour sa part évoque un objectif à 926 DH, avec un upside de +27,7 %. Pour finir, AGR estime qu’il n’a pas de cible chiffrée, mais une lecture très favorable, estimant TGCC comme un véritable véhicule d’investissement “Maroc 2030”.
Mais tous soulignent que la valorisation actuelle repose sur des anticipations élevées, avec un PER de 28x en 2026 (selon CFG), ce qui implique une exécution sans faille pour éviter toute déception post-opération.
L’augmentation de capital portera le flottant à 39 %, ouvrant la voie à une institutionnalisation du titre, avec une meilleure intégration dans les portefeuilles OPCVM et étrangers. TGCC est désormais pressentie pour intégrer le top 10 des capitalisations à la BVC.
Les analystes y voient un levier de visibilité et de liquidité sur un marché qui peine encore à offrir de la profondeur.
Mais derrière l’euphorie boursière, la question cruciale demeure : quelle trajectoire après 2030 ?
Les chantiers liés à la CAN 2025 et à la Coupe du monde 2030 vont dynamiser le secteur, mais que se passera-t-il une fois ces événements passés ?
Plusieurs investisseurs redoutent un essoufflement du carnet de commandes à partir de 2029-2030, faute d’une nouvelle vague d’investissements structurants.
Les analystes, eux, restent globalement confiants. AGR souligne la montée en puissance de TGCC dans des secteurs à forte récurrence : hydraulique, barrages, mobilité urbaine. CFG évoque les relais liés aux besoins fondamentaux du pays : eau, santé, aménagement du territoire. BKGR insiste sur l’implantation au Moyen-Orient et la diversification industrielle (TG Steel, TG Stone) comme amortisseurs potentiels.
L’enjeu des prochaines années sera donc de transformer l’élan conjoncturel en trajectoire structurelle, et de faire de TGCC non pas une “valeur événementielle”, mais un acteur pérenne de l’infrastructure nationale et régionale.
