Dans son dernier rapport remis le 31 juillet à l’Assemblée générale de l’ONU, le Secrétaire général António Guterres dresse un constat préoccupant sur la question du Sahara occidental : persistance des tensions militaires, aggravation de la crise humanitaire dans les camps de Tindouf et blocage politique prolongé. Alors que le conflit atteint son cinquantième anniversaire, il appelle à une solution « urgente et durable ».
Le document de sept pages, couvrant la période du 1ᵉʳ juillet 2024 au 30 juin 2025, souligne l’escalade des affrontements de basse intensité près de Mahbas et Es-Semara, ainsi que plusieurs incidents meurtriers à l’est du berm. En parallèle, la situation humanitaire dans les camps de Tindouf se dégrade fortement : les rations alimentaires du PAM ont été réduites de 30%, entraînant une malnutrition aiguë pour 13% des enfants et un retard de croissance dépassant 30%.
Sur le plan diplomatique, l’année écoulée a vu un renforcement des soutiens au plan d’autonomie marocain, notamment de la part de la France en juillet 2024 et du Royaume-Uni en juin 2025, s’ajoutant aux positions déjà exprimées par les États-Unis et l’Espagne. Parallèlement, la Cour de justice de l’Union européenne a jugé « illégaux » les accords agricole et halieutique entre l’UE et le Maroc, une décision rejetée par Rabat.
Le rapport met également en lumière l’activisme de Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire général, qui a intensifié ses consultations entre Rabat, Alger, Tindouf, Nouakchott et plusieurs capitales européennes et américaines. Ses briefings devant le Conseil de sécurité en octobre 2024 et avril 2025 ont reçu un large soutien, illustrant une volonté croissante de relancer le processus de négociation sous l’égide onusienne.
Cependant, les blocages persistent sur le terrain des droits humains. Le Haut-Commissariat n’a pas pu accéder au Sahara depuis 2015, et plusieurs communications dénoncent des restrictions aux libertés publiques ainsi que des violations présumées visant des militants sahraouis.
Face à cette impasse, Guterres insiste sur le fait que « le statu quo est intenable. Plus que jamais, il est urgent de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable. » À ses yeux, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour mettre fin au plus ancien conflit territorial d’Afrique, alors que l’approche marocaine bénéficie d’un soutien diplomatique croissant.
