Moins de six mois après leur réouverture attendue, les douanes commerciales terrestres entre le Maroc et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont à nouveau suspendues. Depuis la fin juin, les autorités marocaines ont interrompu unilatéralement les échanges commerciaux via ces points de passage. Une décision qui, bien que non officiellement justifiée par Rabat, est attribuée par Madrid à l’opération Marhaba, le dispositif annuel encadrant le transit massif des Marocains résidant à l’étranger.
À Melilla, la suspension suscite une vive réaction. Le président local, Juan José Imbroda, du Parti populaire, a dénoncé une décision unilatérale injustifiée, affirmant que l’argument de Marhaba ne tient pas. « Il suffirait de définir des horaires précis pour organiser le passage des marchandises », a-t-il déclaré, accusant Rabat de régner sans partage sur la frontière.
Selon la presse espagnole, les douanes marocaines ont averti par courriel certains opérateurs que les échanges commerciaux resteraient suspendus jusqu’à la fin de l’été. Cette décision rappelle l’épisode de janvier 2025, où une tentative de relance avait déjà été bloquée côté marocain.
Le ministère espagnol des Affaires étrangères, par la voix de José Manuel Albares, a cherché à temporiser, en invoquant une clause de flexibilité incluse dans l’accord de réouverture. « En cas de flux exceptionnels, une modulation est possible », a-t-il rappelé, tout en insistant sur la coopération en cours entre les deux pays.
Sur le terrain, l’activité commerciale était déjà limitée. À Ceuta, seuls 42 mouvements ont été enregistrés depuis le début de l’année, principalement du sable ou du gravier. À Melilla, seuls 19 échanges ont été recensés, dont sept au départ de l’Espagne vers le Maroc.
Cette suspension intervient dans un climat politique sensible. Plusieurs voix en Espagne lient ce geste à la participation récente d’un représentant du Front Polisario à un congrès du Parti populaire, quelques jours avant l’annonce officielle de la fermeture. Le gouvernement espagnol, engagé dans un rapprochement avec Rabat depuis 2022, évite cependant l’escalade diplomatique.