Le Conseil de la concurrence a été saisi d’une opération de concentration impliquant le groupe médiatique MBC, bien que la transaction soit juridiquement étrangère. Le Fonds d’investissement public saoudien (PIF) devient actionnaire majoritaire de MBC Group en en prenant 54 % du capital. Ce changement de gouvernance concerne directement le Maroc, où la chaîne MBC5, lancée en 2019, s’adresse spécifiquement au public national avec une programmation en darija, des productions locales et une adaptation aux préférences culturelles marocaines.
Si la structure de diffusion de MBC5 reste inchangée pour l’instant, le nouveau tour de table ouvre des perspectives incertaines. Ce changement d’actionnariat pourrait influencer les orientations éditoriales, la politique d’investissement dans les contenus locaux ou encore la nature des partenariats avec les producteurs marocains. Dans un paysage audiovisuel déjà sous tension, cette évolution soulève des interrogations sur l’équilibre entre contenus nationaux et productions importées.
L’impact potentiel se mesure également sur le plan de l’emploi, MBC5 collaborant avec un réseau étendu de techniciens, artistes et sociétés de production au Maroc. Une révision de la stratégie pourrait redistribuer les cartes au sein de cet écosystème. D’un point de vue économique, l’entrée du PIF pourrait à la fois stimuler les moyens financiers du groupe ou recentrer la prise de décision au siège saoudien, réduisant ainsi les marges de manœuvre locales.
Au-delà des considérations médiatiques, cette opération s’inscrit dans un contexte plus large d’intensification des relations entre Rabat et Riyad. La manière dont MBC5 évoluera pourrait refléter une volonté politique plus large de coopération culturelle et diplomatique. Si aucune décision concrète n’a encore été rendue publique, cette nouvelle gouvernance marque le début d’une phase stratégique, où le Maroc pourrait se retrouver au cœur des équilibres à redéfinir dans l’espace audiovisuel régional.
