Le groupe français Pizzorno Environnement a officiellement retiré son recours contre le Maroc devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), mettant un terme à une procédure arbitrale entamée en août 2023. Le litige portait sur la résiliation anticipée d’un contrat de gestion déléguée de la décharge d’Oum Azza, située près de Rabat.
Selon l’ordonnance procédurale rendue le 21 juillet 2025, le tribunal arbitral a pris acte du désistement conjoint des parties, sans qu’aucune sentence ne soit rendue. La décision intervient après plusieurs mois de discussions informelles, précédées par la suspension de la procédure le 23 avril à la demande des deux camps.
À l’origine du conflit, la rupture du contrat liant Pizzorno à l’Établissement de coopération intercommunal El Assima, ce qui avait conduit le groupe à réclamer entre 40 et 50 millions d’euros au Royaume. Estimant avoir été traité de manière inéquitable, Pizzorno avait d’abord tenté un recours devant la justice administrative marocaine, jugé irrecevable, avant de s’engager dans une médiation institutionnelle infructueuse. L’entreprise s’était ensuite tournée vers le CIRDI en s’appuyant sur les dispositions du traité bilatéral d’investissement France-Maroc de 1996.
L’abandon de la procédure semble avoir été facilité par un contexte diplomatique apaisé. Quelques jours après la suspension de l’arbitrage, Laurent Saint-Martin, ministre français délégué au Commerce extérieur, effectuait une visite officielle au Maroc, axée sur la relance des relations économiques bilatérales et les préparatifs de la Coupe du monde 2030. Dans ce climat de rapprochement, le retrait du recours a été interprété comme un geste de désescalade, évitant toute escalade juridique ou politique.
Pour Pizzorno, cette décision acte également son désengagement progressif du marché marocain, après plusieurs années d’activité dans des villes comme Rabat. Confrontée à des difficultés contractuelles et opérationnelles, l’entreprise avait annoncé un recentrage stratégique sur ses activités en France. Le conflit d’Oum Azza, devenu emblématique, a pesé lourdement dans cette orientation.
Côté marocain, cette issue évite une potentielle condamnation arbitrale et préserve la réputation du pays en matière de sécurité juridique pour les investisseurs. Elle illustre également la capacité des autorités à gérer les différends par la voie du dialogue, dans un contexte où l’arbitrage international reste un terrain délicat pour les États.