La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a tranché. Réunie en plénière le 17 juillet 2025, l’institution a décidé de classer sans suite les quelque 200 plaintes reçues à la suite de la diffusion du concert du rappeur marocain El Grande Toto sur la chaîne publique 2M. Un signal fort en faveur de la liberté d’expression artistique et de la diversité culturelle, que la HACA qualifie désormais de responsabilités essentielles du service public audiovisuel.
Le concert, diffusé le 2 juillet à 23h05, était la retransmission du spectacle de clôture du Festival Mawazine, où El Grande Toto a rassemblé quelque 400.000 spectateurs sur la scène OLM Souissi de Rabat. Si sa performance a été saluée par de nombreux jeunes, elle a aussi suscité de vives critiques, certains téléspectateurs reprochant à la chaîne publique de diffuser un contenu jugé « contraire aux bonnes mœurs ».
Dans sa décision, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) rappelle que le rôle de la HACA n’est pas de censurer, ni de juger la qualité ou la pertinence des œuvres artistiques diffusées. Il précise également que le régulateur n’a pas vocation à interférer dans les choix éditoriaux des opérateurs, tant que ces derniers respectent la législation en vigueur et les engagements contenus dans leurs cahiers des charges.
La HACA réaffirme par ailleurs que le service public audiovisuel a un devoir d’inclusion, notamment envers les jeunes générations et leurs formes d’expression culturelle. Le Conseil souligne que « le discernement éditorial » et « la contextualisation » doivent guider la diffusion de contenus sensibles, en s’appuyant notamment sur l’usage de la signalétique. Ce principe a été rappelé à 2M, bien que le concert ait été diffusé à une heure tardive.
Loin de minimiser la controverse entourant El Grande Toto, connu pour son langage cru, ses provocations publiques et ses démêlés judiciaires, la HACA insiste sur une ligne de régulation fondée sur la proportionnalité, la pluralité des expressions culturelles et la protection du public, plutôt que sur l’interdiction ou la répression.
