Tensions internes à l’AMMPS : le dossier remonte au ministère de la Santé

AMMPS

L’Agence Marocaine du Médicament et des Produits de Santé (AMMPS) traverse une zone de turbulences à peine un an après le démarrage effectif de ses activités. Selon l’Union Marocaine du Travail (UMT), plus de 80 % des employés auraient exprimé le souhait de réintégrer leurs postes d’origine au sein du ministère de la Santé. Un signal fort qui révèle un malaise social au cœur d’un organisme censé assurer la régulation du marché pharmaceutique national.

Dans une lettre adressée le 28 octobre au ministre de la Santé et de la Protection Sociale (MSPS), le bureau national du syndicat de l’AMMPS a demandé l’organisation d’une réunion d’urgence avant la date butoir du 30 novembre 2025.

Le syndicat rappelle que la loi n°10-22 limite le rattachement temporaire des fonctionnaires à six mois, à compter du 1er juin 2025. Une réunion interne, tenue le 22 octobre, a mis en évidence une volonté collective de départ motivée par un manque de visibilité, une absence de perspectives et un sentiment de démotivation généralisé.

Selon l’évaluation du syndicat, seuls 20 % des agents détachés souhaiteraient rester, à condition de bénéficier des mêmes avantages que ceux prévus par le décret n°2-21-344. Les autres demandent leur réintégration dans leurs structures d’origine, estimant que la récente réorganisation du ministère leur offre de meilleures opportunités de carrière.

Un climat de défiance qui inquiète le secteur

Du côté des laboratoires pharmaceutiques, l’inquiétude grandit. Des sources du secteur évoquent un climat de démotivation et de perte de confiance, alors que l’Agence devait être le pilier du nouveau modèle de gouvernance sanitaire.

Un éventuel départ massif pourrait désorganiser les services clés de l’institution, notamment l’évaluation, le contrôle qualité et la délivrance des autorisations de mise sur le marché (AMM), menaçant ainsi la stabilité de la chaîne d’approvisionnement en médicaments.

Des professionnels alertent : si ces tensions persistent, la sécurité médicamenteuse nationale pourrait être compromise. Pour beaucoup, il est urgent que le ministère de la Santé clarifie la situation administrative du personnel et relance un dialogue structuré afin d’éviter une crise institutionnelle.

Une agence stratégique fragilisée

Créée pour garantir la qualité, la disponibilité et la sécurité des produits de santé, l’AMMPS occupe une place centrale dans la réforme du système de santé marocain. Sa mission englobe la régulation du marché pharmaceutique, la fixation des prix, le contrôle post-commercialisation et la surveillance de la qualité des médicaments.

L’Agence s’était engagée dans une modernisation ambitieuse, inspirée des standards internationaux, pour renforcer la transparence et la traçabilité dans le secteur.

Mais cette crise interne intervient à un moment critique, alors que le Royaume cherche à consolider sa souveraineté pharmaceutique et à bâtir une agence forte et indépendante. Sans un apaisement rapide du climat social, le risque est réel de voir les réformes freinées, au détriment de la continuité des services essentiels et de la confiance du public.

Les prochains jours seront déterminants. Entre enjeux humains, institutionnels et stratégiques, l’avenir de l’AMMPS dépendra de la capacité du ministère de tutelle à restaurer la confiance et à préserver la stabilité d’un secteur vital pour la santé publique.

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