Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a récemment autorisé, à titre exceptionnel, le recours à des marchés négociés pour la réhabilitation de 90 hôpitaux publics à travers le Royaume.
Officiellement, cette décision répond à une situation d’urgence extrême, liée à la dégradation des infrastructures hospitalières et à la vétusté des équipements médicaux. Il est question d’accélérer les travaux de rénovation pour améliorer l’accueil et la prise en charge des patients.
Selon un document consulté par InfoMaroc, la correspondance, datée du 13 octobre et signée par le chef du gouvernement, a été adressée au ministre de la Santé et de la Protection Sociale (MSPS), Amine Tehraoui, ainsi qu’au ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances (MEF) chargé du Budget et au Trésorier général du Royaume, Nadia Fettah Alaoui.
Cette note autorise le département de Tehraoui à conclure des contrats sans appel d’offres, dans le cadre d’une procédure dite « négociée », afin de « réhabiliter dans les plus brefs délais » plusieurs établissements hospitaliers jugés prioritaires.
Délai d’exécution : la question qui dérange
Le document, que InfoMaroc a pu consulter, ne précise toutefois ni le calendrier des travaux, ni la liste complète des établissements concernés, ni les montants prévus. Ces omissions interrogent, d’autant que la procédure négociée, bien qu’autorisée par la loi dans des cas exceptionnels, exige des justifications détaillées et des mécanismes de contrôle stricts. Sans ces garde-fous, le risque de favoritisme, de conflits d’intérêts ou de gestion discrétionnaire reste bien réel.
Combien de temps faudra-t-il pour lancer et achever ces chantiers ? Le délai d’exécution, clé de voûte de cette opération, n’a pas encore été communiqué par le ministère. Une opacité qui alimente la méfiance, surtout dans un contexte où la jeunesse marocaine multiplie les appels à la transparence et à la reddition des comptes.
Entre urgence et transparence
Cette nouvelle décision intervient alors que le MSPS est déjà fragilisé par la polémique autour de la cartographie nationale de la corruption, confiée à un cabinet privé accusé de conflit d’intérêts.
En autorisant de nouveau une procédure dérogatoire, le département risque de raviver les critiques sur sa gouvernance et sur sa capacité à concilier urgence sanitaire et intégrité administrative.
Réhabiliter les hôpitaux est une nécessité urgente. Mais cette urgence ne saurait justifier le contournement durable des règles de transparence.
Le département de Tehraoui doit clarifier les détails techniques, les critères de sélection, et surtout, les délais d’exécution réels. Le Maroc ne peut se permettre que l’urgence serve de prétexte à l’opacité. L’attente citoyenne est claire : des hôpitaux rénovés, oui, mais dans le respect des principes de probité et de responsabilité publique.