Autrefois fleuron de l’économie chinoise et symbole de la croissance débridée du secteur immobilier, China Evergrande Group vit aujourd’hui ses derniers instants en Bourse. Le mardi 12 août 2025, le groupe a officiellement annoncé son retrait de la cote à Hong Kong, conséquence directe de l’enlisement de son processus de liquidation et d’une dette plus colossale que prévu.
En janvier 2024, un tribunal de Hong Kong avait ordonné la liquidation de la holding, faute de plan de restructuration crédible pour apurer une dette estimée à plus de 45 milliards de dollars américains. Ce défaut de paiement, survenu en 2021, avait déjà marqué un tournant dans la crise de l’immobilier en Chine. Au sommet de sa gloire, Evergrande valait plus de 50 milliards de dollars et représentait à elle seule l’élan urbanistique du pays.
Le verdict de la justice a conduit à la suspension de la cotation en Bourse. Depuis, les liquidateurs – Edward Middleton et Tiffany Wong – ont tenté de récupérer des fonds, allant jusqu’à engager des poursuites contre PwC et ses entités chinoises pour leur rôle dans les audits de la société.
Les actions d’Evergrande seront officiellement radiées le 25 août. Selon les dernières données, la dette réelle dépasse largement les estimations précédentes, atteignant environ 350 milliards de dollars hongkongais (45 milliards USD), et pourrait même être revue à la hausse.
À la veille de son retrait, la valorisation boursière du géant déchu n’était plus que de 274 millions de dollars. Son fondateur, Xu Jiayin, en détenait encore 60 %. Mais pour les analystes, la sentence est sans appel : « Les actionnaires doivent se préparer à une perte quasi totale », avertit Kristy Hung, analyste chez Bloomberg Intelligence.
Plus de 100 entités affiliées à Evergrande sont désormais sous le contrôle des liquidateurs, mais l’incertitude demeure quant aux montants récupérables.
Les conséquences de cette faillite sont dévastatrices. Des milliers d’acquéreurs ayant versé des acomptes pour des logements non achevés, des ouvriers sans rémunération, et des investisseurs individuels ruinés. L’écosystème d’Evergrande s’est effondré, mettant en lumière les fragilités structurelles du marché immobilier chinois.
La crise inquiète au plus haut niveau : un effondrement prolongé du secteur pourrait engendrer un ralentissement économique généralisé dans un pays longtemps porté par l’immobilier comme moteur principal de croissance.