Le taux de détention préventive au Maroc a franchi un seuil inédit en 2024, tombant pour la première fois sous la barre des 30 % de la population carcérale totale. Ce tournant historique est salué par le Procureur général du Roi près la Cour de Cassation, Hicham Balaoui, qui appelle néanmoins à une vigilance renforcée durant la période estivale.
Dans une circulaire adressée aux Procureurs généraux et Procureurs du Roi, le Président du Ministère public souligne que cette avancée est le fruit d’un effort coordonné entre les instances judiciaires, en particulier grâce aux commissions locales et régionales mises en place suite à la circulaire conjointe du 1er juin 2023 avec le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ).
Ces structures ont permis un suivi plus rigoureux de la détention préventive et une gestion optimisée des dossiers, traduite par une baisse tangible du recours à l’incarcération provisoire. L’ambition est claire : inscrire durablement la détention préventive comme mesure d’exception, en privilégiant les alternatives judiciaires et la justice réparatrice, dans le respect des libertés individuelles.
Mais la période estivale représente un défi. Historiquement, les vacances judiciaires sont marquées par une hausse des placements en détention provisoire, en raison notamment des contraintes de ressources humaines. Hicham Balaoui met en garde contre cette tendance et appelle les magistrats du parquet à anticiper les risques d’engorgement.
Il les exhorte à veiller à la programmation rapide des audiences pour les détenus préventifs, à adopter systématiquement les alternatives légales comme le contrôle judiciaire, et à renforcer la culture judiciaire de modération dans le recours à l’enfermement.
Enfin, la circulaire appelle à une mobilisation continue pour préserver les acquis de cette réforme judiciaire majeure. Toute difficulté rencontrée devra être remontée à la Présidence du Ministère public afin d’assurer la pleine application de ces orientations.