À l’occasion de sa réunion trimestrielle avec la presse, tenue ce mardi 24 juin 2025, Bank Al-Maghrib (BAM) a présenté l’état d’avancement de plusieurs réformes majeures, confirmant son rôle central dans la modernisation du cadre financier marocain. Trois chantiers retiennent particulièrement l’attention : la régulation des cryptoactifs, la structuration d’un marché des créances en souffrance et la supervision de Tamwilcom.
La Banque centrale a annoncé que Tamwilcom, établissement public de garantie, sera prochainement placé sous supervision prudentielle, avec un cadre réglementaire spécifique en cours d’élaboration. Inspiré de l’expérience acquise avec la CDG, ce dispositif prendra en compte les missions de service public de l’organisme, sans l’aligner entièrement sur les standards appliqués aux banques commerciales.
Une révision des modes d’intervention est également envisagée, notamment par le passage à une approche par portefeuille pour l’analyse des crédits supérieurs à 1 million de dirhams. En parallèle, un système national de scoring des TPE est en cours de conception, en partenariat avec BAM et Maroc PME, pour faciliter l’accès au financement des petites structures.
Bank Al-Maghrib a également confirmé l’émergence progressive d’un marché structuré des créances en souffrance, destiné à assainir les bilans bancaires et libérer des capacités de financement. Une première opération de titrisation de 400 millions de dirhams a déjà été réalisée, même si le cadre réglementaire n’est pas encore finalisé.
Un second projet est à l’étude, tandis que le Secrétariat Général du Gouvernement a rédigé un texte prévoyant le transfert automatique des créances, étape clé vers un marché fluide. Reste à trancher les questions fiscales pour garantir la neutralité de ces opérations pour vendeurs et acquéreurs.
L’objectif affiché : doter le secteur bancaire d’un outil efficace pour accompagner les grands projets économiques à l’horizon 2030.
Enfin, le cadre réglementaire relatif aux cryptoactifs a été finalisé et est désormais à l’étude au ministère des Finances, en amont d’un passage au Parlement. Plutôt qu’une interdiction, BAM prône une approche équilibrée : encadrer les cryptoactifs pour protéger les consommateurs, limiter les risques de blanchiment et assurer la stabilité financière, tout en accompagnant l’innovation technologique.
Des textes d’application sont déjà en préparation, avec l’appui de la Banque mondiale, afin d’assurer une entrée en vigueur rapide et structurée du futur dispositif.
Ces chantiers confirment la volonté de Bank Al-Maghrib de faire évoluer le cadre financier national en réponse aux enjeux de transparence, de digitalisation et de financement de l’économie réelle. Une modernisation discrète mais déterminante pour la stabilité et l’attractivité du système financier marocain.